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Le Temps d'Emelnys
23 octobre 2015

7

Une brume épaisse enveloppait peu à peu les ruines d’un petit village. Les murs de pierres étaient à moitiés écroulés, les toits des maisons détruits. Tout semblait avoir été ravagé par quelque chose. Par endroit, des corps sans vies étaient allongés sur le sol, ou contre un restant de mur. Autour du village, des arbres dénudés de feuilles, aux branches tordus, semblaient contrôler ce qu’il restait des maisons.
La brume s’écarta lentement, laissant apparaitre deux silhouettes, au milieu des décombres. Les silhouettes s’avancèrent, une lumière brillant dans la main de l’une d’elle, contrôlant le brouillard. Un esalmias châtains, aux cheveux courts, avec un visage entre la douceur et la froideur, portant un fin bandeau marron très pâle, retombant légèrement devant l’oreille droite,  un costume gris clair avec une pierre orangé incrusté, et un homme avec de longues ailes de masans[1], aux courts cheveux noirs comme la nuit, à la peau pâle, portant une tenue ou le noir et le bleu se mêlaient, et de hautes bottes de la même couleur que ses cheveux, marchèrent sur un chemin de terre battu par mains passages, s’arrêtant derrière un mur à moitié effondré.
L’homme fit apparaitre une boule de magie noire dans sa main. Dans une petite explosion, il la projeta devant lui, et la boule se transforma en un rectangle sombre. A l’intérieur apparut une jeune femme à la peau grise, aux longs cheveux noirs, aux grandes ailes aussi foncé que ses cheveux, portant une longue robe et des gants noirs ainsi qu’une sorte de couronne en bois gris entrelacés. Elle avait dans sa main droite un long morceau de bois noir bien droit.
La jeune femme fixa les deux hommes l’un après l’autre avant de prendre la parole.
- M’apportez-vous de bonnes nouvelles ? demanda-t-elle d’un ton cassant.
Les deux hommes s’inclinèrent respectueusement avant de se relever.
- Oui, sorcière Damane, répondit l’esalmias. Celui que vous attendez est bien arrivé. Il fit une pause avant de reprendre. Et le paquet à bien été supprimé, termina-t-il.
Damane la sorcière fronça les sourcils en les regardant.
- En êtes vous sur ?
L’homme courba la tête.
- Heu… c'est-à-dire… hem…
Damane les fusilla du regard et fixa l’homme.
- Afan, tu seras chargé de t’assurer que le travail a été fait correctement, dit-elle. Tes pouvoirs de fées devraient t’y aider… et gare à toi si tu ne te dépêche pas !
Le dénommé Afan inclina la tête en signe de soumission.
- Part maintenant et ne me recontacte qu’une fois cela accompli ! ajouta Damane.
- Bien, sorcière Damane.
L’homme se releva et disparut rapidement dans la brume à grands pas. L’esalmias se contenta de regarder le visage de la sorcière, qui semblait toujours furieuse.
- Maliec, fais venir notre invité, ordonna la sorcière.
Maliec acquiesça et s’éloigna un moment du rectangle magique. Quand il revint, il était accompagné d’un esalmias blond en armure. Il était trainé par Maliec et fut soudainement projeter au sol par la brutalité de ce dernier. Dans le rectangle, Damane ricanait.
Maliec, qui s’arrangea pour empêcher l’esalmias de s’enfuir, un sourire peu amical sur le visage. L’esalmias blond tremblait de peur.
- Alors, général Siladan, on a peur de deux ennemis alors que vous êtes réputés pour en avoir assassiné des centaines ? se moqua la sorcière.
Le général lança un regard plein de colère et de terreur à Damane, qui sourit.
- Que me voulez vous ? demanda-t-il.
Maliec eu un petit rire tandis que la sorcière souriait d’un air inquiétant.
- Je pense que vous le savez déjà, n’est ce pas, général ? demanda Damane.
Le général Siladan secoua la tête.
- Je n’ai rien, rien qui puisse vous intéressez, dit-il rapidement.
Maliec le plaqua sur le sol, sortant une dague et la pointant sur le cou du prisonnier.
- Ho, mais nous ne voulons pas d’armes, ni de matériels, ricana la jeune femme dans le rectangle magique. N’est ce pas Maliec ?
- Effectivement, approuva celui-ci en accentuant la pointe de la dague.
- Je ne dirais rien, jamais ! s’exclama le général.
Maliec resserra l’emprise de la dague sur le cou de l’esalmias et se pencha à son oreille.
- Êtes-vous sur d’avoir le choix ? murmura l’esalmias châtain. Si vous parlez, vous aurez la vie sauve… susurra-t-il.
Il appliqua lentement la lame de la dague sur le cou du général, qui se mit à trembler de plus belle, terrifié. Il ne dit rien pendant un moment, semblant en pleine réflexion. La sorcière, elle, affichait toujours son terrible sourire, sûre du choix de sa victime.
- Je vais parler ! couina soudain le général Siladan. Je vais parler !
Maliec le relâcha et s’éloigna de deux pas en maugréant :
- Quel mauviette ! Et trouillard en plus ! Et sa se prétend général ! On se demande qui recrute les soldats !
Damane fit comme si elle n’avait pas entendu les murmures de son sous-fifre et fixa le général.
- Par ou peut-on être sur d’envahir le Royaume des Esalmias tout entier ? dit-elle de son étrange sourire.
A ces mots, le visage du général Siladan se décomposa lentement. Derrière, Maliec ricanait en silence. La sorcière regarde le général blond avec attention et une certaine satisfaction.
- Alors ! fit-elle. Par ou peut-on envahir le Royaume des Esalmias ? N’ais-je pas été assez clair sur le sujet ?
Elle fit un signe à Maliec, qui se munit une nouvelle fois de sa dague et la plaça contre le cou de sa victime.
- Par ou peut-on passer ? demanda-t-il d’un ton menaçant.
Le général Siladan tremblait de peur. Il ne voulait pas mourir. Il regarda successivement la sorcière et l’esalmias.
- Je… les troupes se sont retirés à Veltiem… si vous encercler la ville… et que vous détruisez la forêt de Mensofem… vous… vous aurez gagné, lâcha le général à contre cœur. Mais par pitié, ne me tuez pas… s’il vous plait…, gémit-il.
La sorcière eu un nouveau sourire pour le moins cruel.
- Le Maître appréciera ses renseignements, lança-t-elle.
Elle fit un signe de la main à Maliec avant de s’assoir dans un fauteuil. L’esalmias entraina alors le général à l’écart, le trainant derrière lui pour l’éloigner légèrement du rectangle magique.
- Non… non… nooonnn… nooo…
Son dernier cri de supplication mourut sur ses lèvres quand Maliec lui enfonça la dague dans la gorge en ricanant.
- Sale lâche, maugréa-t-il en ôtant sa dague.
Le corps retomba mollement sur le sol, le sang s’échappant encore de la blessure. Le général regardait le ciel sans le voir. Maliec entreprit de nettoyer la lame de sa dague avant de retourner près du rectangle.
- Voila une chose de faite, fit-il remarquer.
Damane tapota du bout du doigt la table qui se trouvait devant elle en le regardant.
- Je vais transmettre les informations au Maître, dit-elle. Toi, en attendant, tu réuniras nos armées, qu’elles se tiennent prêtent à assiéger Veltiem ! Détruisez la ville et ne faites aucun survivants, brûlez tout sur votre passage… refaite moi le même carnage qu’ici, à Kerenos !
Elle partit d’un éclat de rire sombre. Maliec s’inclina en regardant le rectangle magique.
- Et pour la forêt, que fait-on ?
Damane réfléchit un moment.
- Réuni quelques-uns de nos fidèles, ordonna-t-elle. J’ai un plan... et bientôt, les esalmias tomberont !
Elle éclata d’un rire inquiétant tandis que Maliec esquissait un sourire narquois et victorieux. Autour d’eux, la brume se faisait plus épaisse. Les ruines de la ville de Kerenos avaient une atmosphère peu rassurante. La sorcière se leva de son siège et s’éloigna. Le rectangle magique s’éteignit et s’effaça dans les airs. Nulles traces ne devaient rester de cette discussion.
Le corps du général devait disparaitre. Maliec retourna près du cadavre et entreprit de l’enterrer rapidement. Il devait faire vite et retourner auprès des troupes. Damane ne mettrait que peu de temps à parler au Maître, et il devait être présent pour le siège de Veltiem. Il tenait à assister à la défaite des esalmias. Une fois le corps enterré, il s’éloigna lentement en traversant la brume épaisse.
Derrière lui, cette dernière enveloppait les restes du village. Maliec arriva devant un portail magique que son camarade avait ouvert en arrivant. Il jeta un dernier regard sur le village et s’engouffra dans le portail, qui se referma derrière lui.
Rien ne laissait à penser que d’aussi inquiétantes décisions avaient été prises dans ce lieu abandonné. 



[1] Les masans sont des sortes de corbeaux

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