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Le Temps d'Emelnys
15 décembre 2015

9 – Retour en arrière

La petite flamme de la maigre bougie de la cave vacilla une nouvelle fois puis s’éteignis pour ne plus se rallumer. L’endroit était maintenant plonger dans l’obscurité la bougie éteinte constituant sa seule source de lumière.
- Il ne pense même pas à renouvelé la bougie ! pesta une voix dans le noir.
Après un moment, une faible lueur transperça la noirceur autour d’elle, devenant de plus en plus grosse, de plus en plus vive. La lumière éclipsa peu à peu les ténèbres inquiétant. Souani regarda légèrement la boule, mais fut rapidement aveuglé. Elle l’a rendit aussitôt moins éclatante et la lumière baissa quelque peu. La jeune fille arrivait sans mal à effectuer de simples tours de magie comme celui-ci, mais elle n’arrivait pas à réaliser les plus puissants, au risque de provoquer une explosion. Elle avait décidé de ne les tenter qu’en réel cas d’urgence, en dernier recours.
Souani détestait l’obscurité complète, surtout derrière ses barreaux. Elle avait l’impression d’être oppressée, prise au piège, se qui était vrai en cet instant. Si la lumière ne réapparaissait pas très rapidement, elle commençait à paniquer. Et mieux valait la calmer en ne la laissant pas dans le noir. Avec le temps, elle avait appris à contrôler sa peur des ténèbres, mais elle détestait toujours autant l’obscurité.
Souani s’assit sur le sol dur et froid, le dos appuyé contre les barreaux. Que le temps lui paraissait bien long, enfermé dans cette cave…

A l’étage, Roarik venait de rentrer, posant une bourse pleine de monnaies sur la table. Aujourd’hui, il avait dérobé une ancienne pièce de collection chez un riche armateur de Tasano. Il avait revendu à un marchand pour un bon prix. Une pièce de viande rejoignit la bourse dans un bruit sourd. Il l’avait achetée en partant le matin, tout en se demandant ce qu’il allait faire de sa prisonnière. Il ne pouvait pas la garder éternellement derrière les barreaux. Il fallait qu’il se décide à en finir une fois pour toute…
Tout en faisant cuire la viande, qu’il partagea en deux morceaux, il réfléchissait. Devais-je vraiment tuer cette jeune fille ? Quel danger représente-t-elle pour le Grand Conseil ? En temps normal, il aurait exécuté le travail sans se poser de questions. Mais il se demandait comment une adolescente pouvait autant inquiéter les sorciers noirs. Et surtout, si elle était aussi dangereuse que ça, pourquoi ne la faisait-il pas eux-mêmes ? Leur réputation sordide était connue de tous et personne n’ignorait ce dont ils étaient capables ! Ils pouvaient très bien tuer une personne innocente en public, pour le plaisir. Les habitants de Gil-Estel, la capitale du royaume, avait l’habitude de voir des esalmias capturées en otage, ou encore des paysans affamés se faire assassinés sans une once de pitié dans les yeux de leurs assassins.
Roarik réfléchit encore pendant un long moment. Accoudé au rebord de la fenêtre, il regardait les passants dans la rue. Un gamin déboula en courant, ses pieds nus faisant voler de la poussière. Cela le ramena bien longtemps en arrière, à l’époque où il n’était encore qu’un enfant.

 
Bien longtemps auparavant…

 
Un petit garçon aux cheveux bruns en bataille, à l’allure miséreuse, se tenait caché derrière un grand homme strict. L’homme parlait d’une voix forte avec une dame âgée aux cheveux gris regroupés sous un bonnet de chiffon blanc, portant une longue robe de tissu rêche surmontée d’un tablier. L’homme fit avancer l’enfant et le poussa vers la vieille dame.
- Bonjour mon petit, dit-elle. Je m’appelle Jiliss, mais tu peux dire mamie Ji. Et toi, comment t’appelles-tu ?
Elle lui fit un sourire bienveillant. Le petit garçon resta muet et baissa le regard.
- Et bien, tu as perdu ta langue, mon bonhomme ? demanda la vieille dame.
- Il n’a pas dit un mot depuis qu’on l’a récupéré, lança l’homme d’un ton bourru. Je vous le laisse, c’est le troisième ce mois-ci !
Mamie Ji raccompagna l’homme à la porte en entraîna ensuite le petit garçon dans la maison. Alors qu’ils passaient dans la cuisine, il lâcha :
- Roarik.
La vieille dame fit un sourire et le l’invita à entrer dans une pièce dans laquelle se trouvait plusieurs lits alignés le long du mur. Assis sur chacun d’eux se trouvait une ribambelle d’enfants.
- Mes petits amis, annonça mamie Ji, j’aimerais vous présenter un nouveau petit camarade.
Les enfants dévisageaient le nouveau venu de la tête aux pieds.
- Il s’appelle Roarik, ajouta la vieille femme. Je veux que vous lui fassiez bon accueil.
Elle partit ensuite dans la cuisine et les enfants s’approchèrent du petit garçon.
- Salut, moi c’est Danel, se présenta l’un des enfants.
- Et moi May, dit une petite fille.
Les enfants voulaient tous se présenter en même temps, sauf un, qui restait à l’écart. Danel s’approcha du garçon isolé.
- Allez Tonec, viens saluer le nouveau !
- Fiche-moi la paix gamin, exigea le dénommé Tonec.
- Tu pourrais au moins te présenter ! lança Danel avec beaucoup de courage, sous les exclamations de stupeur des autres.
Tonec était une brute sans pitié, qui prenait plaisir à leur jouer de méchants tours et à les taper. Celui-ci empoigna brutalement le pauvre Danel, qui n’en menait pas large.
- Tu me donnes un ordre là, morpion ? hurla-t-il en serrant sa main autour du col de la chemise du malheureux.
- N… no… non, balbutia celui-ci avec crainte.
- T’es bien sûr de toi ? beugla Tonec.
Danel se mit à trembler de tout son corps et des larmes commencèrent à couler sur ses joues.
- Je… je… vou… voulais… pas, chouina le petit garçon.
Caché derrière la mêlée d’enfants, Roarik observait la scène en tremblant.
- Ah, alors tu voulais pas, c’est ça ? se moqua Tonec avec un sourire narquois aux lèvres. Et bien moi je voulais pas faire ça non plus ! ricana-t-il.
Sur ces mots, il balança Danel à travers la chambre, le malheureux se prenant un mur de plein fouet. Tonec regagna son coin à l’écart des autres tandis que les enfants se précipitaient vers Danel. Roarik suivit le mouvement en direction du petit garçon, qui reprenait peu à peu ses esprits après le choc. Heureusement pour lui, il n’avait rien, il était simplement secoué. Roarik appris à se méfier de Tonec et l’évitait tant qu’il le pouvait. 

Son premier jour à l’orphelinat avait été riche en émotions. Au début petit garçon timide et réservé, il se fit des amis petit à petit parmi les autres enfants. Un matin, il se mit à réfléchir, les yeux dans le vague, alors qu’il aidait Mamie Ji à préparer le repas. Le voyant songeur, la vieille dame lui demanda :
- Qui y-a-t-il, mon petit ?
L’enfant se tourna vers elle en finissant de couper les légumes. 
- Pourquoi je suis ici ?
La vieille femme le regarda un instant.
- On ne t’a donc pas expliqué ?
Il secoua négativement la tête et se réinstalla sur le tabouret ou il était assis. Mamie Ji poussa u soupir. Elle allait devoir lui expliquer. 
- Si tu es ici, mon petit Roarik, c’est que tes parents sont… Elle marqua un temps d’arrêt, cherchant les bons mots. Tes parents sont partis, termina-t-elle.
- Mais ils vont revenir ? demanda l’enfant, plein d’espoir.
La vieille dame ne répondit pas et continua d’éplucher les légumes pour le repas.

Plus tard, dans la vaste chambre de l’orphelinat, Roarik était assis sur son lit. Il était entrain de dessiner sur une feuille « emprunter » à Mamie Ji. Sur le papier se trouvait un homme, une femme et un enfant. Un soleil brillait et la mer scintillait au loin. Les autres enfants s’étaient approcher pendant qu’il dessinait.
- Sa représente quoi ? questionna May.
Roarik brandit fièrement la feuille devant lui.
- C’est mon papa, ma maman et moi, répondis-t-il. Mamie Ji a dis qu’ils étaient partis mais qu’ils reviendraient !
La vielle dame n’avait pas vraiment prononcés cela, mais dans l’esprit d’un enfant comme Roarik, une absence de réponse ressemble à un oui. Les orphelins se regardèrent, gêné. Eux savaient que leur parents et ceux de Roarik ne reviendraient pas, qu’ils étaient morts. Mais ils ne savaient pas comment le dire au petit garçon si plein d’espoir sans lui faire de peine.
- Y son crevés, tes parents, le môme ! ricana Tonec, qui s’était avancer en silence.
Les yeux de Roarik se remplirent de larmes.
- Non, c’est pas vrai, tu mens ! hurla le petit garçon.
Les enfants se mirent à pousser des cris de colère contre Tonec , qui, indifférent à tout se vacarme pourtant contre lui, retourna dans son coin. Danel et May, qui étaient devenu comme des frères et sœurs pour Roarik, s’efforcèrent de le réconforter. Après cet incident, Roarik humiliait Tonec autant qu’il le pouvait.

 Quelques années plus tard, un drame vint perturber la bonne marche de l’orphelinat. Mamie Ji mourut d’une terrible maladie du cœur. Les enfants se retrouvèrent désorientés. Il n’y avait pas d’autre orphelinat dans la ville. Personne ne se préoccupait de leur avenir. On les expulsa de force du bâtiment et ils furent contraints de trouver un abri ou ils le pouvaient. En l’espace d’un instant, ils étaient devenus des vagabonds, les plus jeunes étant réduits à mendier les passants, les plus vieux à dérober de l’argent ou de la nourriture. Petit à petit, eux qui étaient toujours restés ensembles, ils se séparèrent, même si les plus jeunes avaient moins de chances de survivre sans leurs aînés.
Un jour, que Roarik marchait vers le port avec Danel pour tenter de trouver quelque chose à manger, ils virent un marchand de pommes. En voyant les fruits, ils en eurent l’eau à la bouche. Il n’en avait jamais mangé et avaient grande envie d’y goûter. Ils décidèrent d’en dérober. Discrètement, en silence, ils se glissèrent sous l’étalage pendant que le marchand était occupé. Alors qu’ils s’apprêtaient à saisir un des fruits juteux, une grosse voix furieuse les fit sursauter. 
- Ah, sales petits garnements ! Je vous y prends à essayer de voler mes pommes !
Le marchand les regardaient, furibond. Il les sortit brutalement de sous l’étalage, en tenant un chacun à bout de bras. Les quelques passants, curieux, s’approchèrent. Les deux enfants se débattaient tant qu’ils pouvaient pour tenter de s’échapper. Ils finirent par y arriver et ils détalèrent rapidement. Mais ils entendaient les bruits de pas du marchand derrière eux. Celui-ci s’était lancé à leur poursuite.
Trop occupé à surveiller la distance entre eux et le marchand, Danel et Roarik arrivèrent sans s’en apercevoir au bout du port et ils chutèrent. Heureusement pour eux, le quai se continuait encore un peu par une plateforme à moitié lécher par les flots. Mais Danel dérapa sur une flaque d’eau en se relevant et tomba à l’eau. Il tenta de s’agripper au bord, sans succès, et agitait les bras en tout sens. Roarik voulut l’aider, mais le marchand l’attrapa par le col de son vêtement miteux.
- Ou cours-tu comme cela, petit vagabond ? se moqua le marchand de pommes.
- Je vous en supplie, aller aider mon ami ! plaida Roarik. Il ne sait pas nager, il va se noyer !
- Tant mieux ! ricanèrent les personnes présente. Cela fera un voyou de ton espèce en moins dans cette ville !
Alors que Danel disparaissait, engloutit par les flots, Roarik se démena comme un beau diable pour se libérer. Il y réussit et se dépêcha prendre ses jambes à son cou. Mais une nouvelle fois, le marchand le poursuivait, accompagné d’un autre homme à l’air encore plus sévère et plus féroce. Le jeune garçon passa dans un dédale de rues sans parvenir à semer le marchand de pommes. L’homme à l’allure féroce avait disparu quand il jeta un coup d’œil derrière son épaule pour évaluer son avance. Sans s’en rendre compte, il mena son poursuivant à l’endroit ou il se cachait avec Danel et May. Des larmes de colère coulaient le long de ses joues tandis qu’il courait. Quand il réalisa ou il se trouvait, c’était déjà trop tard. Le marchand avait empoigné May tandis que Roarik eu juste le temps de se cacher. Pensant qu’il avait disparu, son ancien poursuivant repartit en emportant sa prisonnière, qui ne cessait de se débattre.
Quand Roarik sortit de sa cachette, il pleura pendant un long moment des larmes de colère et de tristesse. Il se sentait coupable de ne pas avoir pu sauver Danel et de ne pas avoir volé au secours de May. Tout à sa douleur, il n’entendit pas venir l’homme à l’allure féroce, qui l’avait finalement retrouvé. Il tenait à la main une longue barre qui paraissait relativement solide. Avant que le garçon ne puisse réagir, l’homme l’avait empoigné solidement et avait appliqué la barre, qui se révélait être brûlante, sur le bras droit de Roarik. Ce dernier hurla de douleur sous la chaleur. Après un moment, l’homme le relâcha et partit en disant :
- Voilà se que l’on fait aux voleurs dans ton genre !

 
De nos jours…

 
Roarik cligna des yeux pour chasser les souvenirs de son enfance. La brûlure faite par l’homme et sa barre brûlante avait guérit et formait une longue cicatrice qui partait de l’épaule jusque dans sa paume. De plus, elle était bien visible et rappelait sans cesse au jeune homme son passé. Danel était mort noyé et May avait disparue. Ce jour-là, quelque chose s’était brisée en lui. Je n’ai plus jamais été le même… Par la suite, il était devenu un voleur, un assassin, voilà à quoi se résultait désormais sa vie.
Tu peux encore changer !
Roarik sursauta. Voilà qu’il entendait la voix de Danel. Lui qui était mort par sa faute, temps d’années auparavant.
Il est encore temps de racheter tes erreurs !
Mais d’où venait cette voix sortit de nulle part ? Il ne rêvait pourtant pas ! Ou alors il était entrain de devenir fou !
Épargne la vie de la fille…
Il détermina enfin d’où venait-la voix, qui résonnait maintenant dans sa tête, dans son corps tout entier. Était-ce vraiment Danel ? Pouvait-il réellement changer ? Maintenant ? Après tant de temps ? Racheter toutes ses « erreurs » ? En était-il vraiment capable ? Roarik était complètement perdu. Il poussa un hurlement et s’appuya contre un mur.

 En bas, dans sa cellule, Souani écoutait les bruits à l’étage, les bruits que faisait son ravisseur. C’était tout se qu’elle trouvait à faire pour passer le temps, tromper le temps, hormis compte les barreaux qui composaient sa prison, se qui ne devait pas être d’un grand divertissement ! Elle réfléchissait à un plan pour sortir d’ici, enfermer entre ses quatre murs, à en devenir folle. Rien, rien ne venait. Elle ne trouvait pas le moyen de s’évader. Se n’était pas faute d’avoir quelques idées, mais toutes étaient irréalisables. Qu’allait-elle faire maintenant, sans plan ? Allait-elle se laisser mourir pour ainsi faciliter la tâche sordide de son ravisseur ?

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